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15 mai 2006 1 15 /05 /mai /2006 01:47

 

 
Retour sur la Directive Bolkestein

Le 13 janvier 2004, la Commission européenne pond un projet de directive. Il l’appelle directive Bolkestein, du nom d’un libéral néerlandais (Frits, de son prénom, cf. photo), ancien commissaire européen au Marché intérieur, et qui l’a présentée en premier.

Cette directive entend supprimer les obstacles mis par les Etats à la libre circulation des services. Ce qui veut dire ? Qu’un architecte portugais pourra bosser librement à Prague.

S’en suit une levée de boucliers à l’échelle européenne.

Après révision, un texte définitif est proposé le 4 avril 2006.

Les principaux sujets de dicorde
 

1) Le principe du pays d’origine (PPO) :
 
  • ·         Sur le statut des salariés :

Ce principe implique qu’un prestataire de service devra suivre la législation de son pays d’origine. Ca veut dire quoi ? Qu’un consultant français qui bosserait en Grèce aurait des droits (salaires, congés, etc) français. A contrario, cela veut dire aussi qu’un plombier polonais (le fameux du temps du « non » à la constitution européenne ) pourra bosser en France à un salaire polonais… tirant a fortiori les salaires vers le bas. Le dumping social. La hantise des français.

SAUF QUE, dans la proposition Bolkestein,  le prestataire ne devait respecte les normes de son pays d’origine qu’en cas de prestation de services temporaires (moins de 8 jours !). Et cette règle ne s’appliquait qu’aux régions transfrontalières.

En cas d'établissement plus long, ou définitif, le prestataire devait respecter les lois du pays de destination.

  •  ·         Sur la qualité des services :

Selon le PPO, c’est le pays d’origine qui veille à ce que les modalités légales concernant l'existence du prestataire de service (diplômes, brevets et immatriculation, par exemple) soient respectées, et qui assurent les contrôles.

Cela signifie qu’une société ou un particulier agréé par un pays de l'Union doit l’être aussi par tous les autres États membres - il ne peut y avoir de discrimination.

Ca aussi, ça fait très peur : imaginez-vous vous faire soigner les dents par un dentiste, euh, disons letton (personnellement, je n’ai rien contre les dentistes lettons).

 
 
2) Le champ d'application de la directive.
 

Le principal point de controverse relève de la distinction entre les services d'intérêt général (devant être exclus : administration publique ou enseignement public) et les services d'intérêt économique général (couverts par la proposition de la Commission : services de santé, services sociaux, services postaux et services d’approvisionnement en eau, en gaz et en électricité). Deux options sont envisagées : un champ d'application très large (50% des activités économiques de l'UE selon la Commission) avec des dérogations plus nombreuses ou un champ plus réduit sans dérogations.

La version finale est … consensuelle : un champ d’application restreint, et de multiples dérogations.

 
 
Procédure suivie et statut :
 
1) Procédure de ratification :
 

L’Europe fonctionne un peu comme un Etat : La Commission Européenne – qui est l’équivalent de nos gouvernements – fait une proposition de « loi » , de directive. Dans les trois-quarts des cas, sous la procédure dite de codécision, celle-ci doit maintenant être agréée par la chambre des représentants des Etats-membres : le Parlement européen.

Ce dernier a voté son avis de première lecture sur le projet de directive Bolkestein le 16 février 2006. Cet avis prend la forme d'amendements apportés au texte de la proposition initiale, qui modifient profondément le texte. La Commission européenne a repris presque intégralement ces amendements dans une nouvelle proposition adoptée le 4 avril, et renommé la Directive au nom trop connoté « Directive Services ». C'est maintenant aux Etats membres au sein du Conseil de l'Union européenne de parvenir à une "position commune".

 

Car une directive a valeur contraignante pour les Etats-membres.

 
2) Valeur contraignante de la Directive :
 

La directive est l’outil le plus répandu pour l’harmonisation européenne des législations nationales. Une directive émise par la commission européenne a valeur contraignante pour un Etat-membre : celui-ci dispose d’un délai pour le transposer dans sa propre législation. Chaque pays est libre de choisir la forme juridique que prendra cette contrainte  (un décret gouvernemental, un loi votée par la chambre des représentants, une modification constitutionnelle, etc…), mais cette internalisation doit obligatoirement lui permettre d’atteindre les résultats escomptés (par exemple, dans les domaines de la lutte contre la contrefaçon, ou de l’environnement).

Une directive, dite « cadre », comme celle sur la libéralisation des services, indique un cadre juridique général à appliquer par les États membres, mais n'a pas la précision d'une loi - les détails des modalités d'applications sont laissés à l'appréciation des corps législatifs nationaux. Cette proposition n'a pas non plus vocation à harmoniser chaque détail du marché des prestations de service dans les États membres.

 


Ce qu’apporte finalement la dernière version de la Directive Services relative aux libertés d'établissement des prestataires de service et libre circulation des services dans le marché intérieur

 

Le compromis trouvé par les rapporteurs du Parlement supprime toute allusion au principe du pays d'origine. 

Sont exclus du champ d’application de la directive les services financiers, les télécommunications, les services de transport, les services postaux, les soins de santé, les services sociaux liés au logement social, les services de puériculture et de soutien aux familles et personnes en difficulté, les activités liées à l'exercice d'une autorité officielle, les agences de travail temporaire, les services privés de sécurité, les jeux et les services audiovisuels.

Le compromis sur la directive maintient le principe de non-discrimination, c’est à dire l'obligation pour les Etats membres d'assurer un libre accès à leur territoire aux prestataires étrangers, avec l'interdiction de leur imposer des contraintes administratives discriminatoires et disproportionnés. Les prestataires étrangers devront en revanche respecter les règles du pays où ils effectuent leur travail, notamment en matière de droit social et de conventions collectives.

Cette nouvelle version permet cependant aux pays de restreindre l'accès à leur marché pour des motifs d'ordre public, de sécurité publique, de protection de l'environnement ou encore de santé publique.

Outre la liberté de fournir des services n'importe où dans l'UE, la directive services prévoit selon la Commission européenne :

- l’établissement d’une entreprise n’importe où dans l’UE : toute entreprise pourra remplir les formalités en ligne et par l’intermédiaire d’un point de contact unique. Les régimes d’autorisation seront plus clairs et plus transparents, tandis que la vérification de l’existence du « besoin économique » (procédure coûteuse imposant à une entreprise de prouver aux autorités qu’elle ne « déstabilise » pas la concurrence locale) ne sera plus permise. L’octroi des autorisations sera donc accéléré et les coûts pour les entreprises réduits ;

- une meilleure protection des consommateurs: les entreprises auront l'obligation de mettre à la disposition des consommateurs certaines informations clés et ne pourront pas défavoriser un consommateur pour des raisons de résidence ou de nationalité ;

- un meilleur contrôle des entreprises: les États membres devront renforcer leur coopération administrative afin d’assurer un contrôle amélioré et efficace des entreprises. D’un point de vue pratique, cette démarche passera notamment par un système électronique permettant aux autorités d’échanger des informations directement et efficacement.

 Aux Etats de se débrouiller pour mettre tout cela en place, et pour assurer un contrôle, évidemment rigoureux; aux entreprises de se responsabiliser. Et aux consommateurs, donc, de leur faire confiance. Sic.

 
Sources :
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11 avril 2006 2 11 /04 /avril /2006 12:38


 

Suis-je pour ou contre le CPE ?

C'est fou ces sujets sur lesquels on est obligé de se positionner, sous peine de passer pour un con irresponsable.

J’avais tenté d’écrire un article sur le CPE. Parce que je n’avais pas d’opinion, et qu’il me semblait indispensable de m’en faire une. J’avais décidé d’en débattre, lamentablement, les modalités, alors que je ne les connaissais pas. Le CPE, pour moi comme pour la majorité des manifestants, se résumait à deux mots : précarité (à cause de la longueur de la période d’essai) et arbitraire (à cause de la non-motivation des licenciements).

Et puis j’avais lu sur le blog de Maître Eolas une analyse fort éclairante (et quasi-exhaustive, il me semble) de la loi qui l’avait instauré.

 Ce Monsieur démontait quelques-unes de mes angoisses empathiques (je dis « empathiques », parce qu’après tout, j’ai plus de 26 ans). Il n’était pas question d’abus de pouvoir, les salariés injustement licenciés pourraient compter sur les Prud’hommes, et ils auraient droit à des avantages non-négligeables :

  • ð      L’accès au bout d’un mois (contre un an habituellement) à une formation individuelle.
  • ð      Les titulaires du CPE peuvent bénéficier du LOCAPASS, qui permet à l’Etat de se porter garant sur un contrat de bail.
  • ð      La Fédération Française  Bancaire a soutenu que le CPE donnerait accès aux mêmes crédits qu’un CDI.
  • ð      Le droit à une allocation des ASSEDIC après 4 mois de cotisation, en cas de rupture du contrat, d’un montant de 490 euros par mois. S’il a cotisé 6 mois, le salarié rejoint le régime général, et touche une allocation indexée sur son salaire.

J’étais sortie de cette lecture quelque peu rassérénée, et avec une opinion contraire : j’étais devenue « pour ».

Chirac avait alors annoncé, le 31 mars 2006, qu’il rapporterait la période d’essai à un an, et qu’il rendrait obligatoire la motivation du licenciement. Les manifestants avaient cependant décidé de poursuivre leur mouvement.

Quelques questions annexes me taraudaient :

  • ð    Si le CPE n’était pas une chose si terrible en soi, quel en était son intérêt par rapport au vieux système CDD / CDI ? Par rapport à une période d’essai qui pouvait déjà se monter à 6 mois, reconduction des trois mois habituels oblige ?
  • ð    Le peu de bouleversements induit au regard du parcours, déjà précaire, et déjà chaotique du jeune demandeur d’emploi lambda (de stages interminables à un lointain CDI, en passant par des intérims, CDD, et périodes de non-emploi, idéalement indemnisées par un RMI ou par une allocation chômage durement méritée) ne me semblait pas justifier une telle mobilisation.
  • ð    La continuation du mouvement, malgré une volte-face significative de Chirac qui dénaturait le principe même du CPE dans une tentative de sauver l’honneur gouvernemental, ne me paraissait pas légitime.

Il fallait bien, tout le monde s’accordait à le dire, que le mouvement exprime autre chose, de plus fondamental, de plus profond.

Le 10 avril, Chirac annonce le retrait du CPE.

Les syndicats maintiennent leur préavis de grève pour le 11 avril.

Villepin fait une intervention au JT, invité par PPDA.

Il admet avoir ressenti le mouvement comme une « épreuve », et avoir mal anticipé les réactions des étudiants et lycéens. Il met le doigt sur un sentiment d’insécurité et une angoisse de la précarité largement répandus parmi les français.

Il dit qu’il faudra en tenir compte, désormais. Que s’il faut cependant trouver des solutions en faveur de l’emploi des jeunes, elles devront combiner flexibilité pour l’employeur et sécurité pour l’employé. Alors l’Etat va mettre la main à la poche pour rémunérer les entreprises qui embauchent des jeunes. Ce n’est pas forcément donner plus de flexibilité, mais c’est encourager l’investissement sur jeunes.

A suivre...


  


Le point de vue d'employeurs


Un de mes amis est patron d’une PME qu’il a fondée il y a deux ans. Le patron en France de la filiale d’un groupe étranger lui a conseillé de n’embaucher personne en CDI. Car si un seul de ses employés se retournait contre lui aux Prud’hommes, il devrait fermer son entreprise. Il ne dispose pas, en effet, après seulement deux ans d'activité, de la trésorerie nécessaire à une indemnisation. Alors il ne prend que des intérimaires. C’est compliqué pour lui, ça l’oblige à recruter en permanence. Il préfèrerait pouvoir compter sur des salariés.

 


Le point de vue d'un retraité


A lire, ici, l'article d'un boulanger retraité, qui n'a jamais connu le CPE...

 

 

Nos gouvernants sont-ils des cons machiavéliques ?


Special dedicace to Alice E. : Pourquoi les français ont-ils l’impression que leurs gouvernants prennent systématiquement des décisions qui vont à l’encontre de leurs intérêts ? L’intérêt d’un Premier Ministre n’est-il pas d’améliorer les choses, pour que le peuple en porte le crédit à son parti ? Et puis n’est-il pas conseillé par des experts qui en savent un peu plus long sur la question de l’emploi qu’un employé lambda ?

Pourquoi, enfin, ne donne-t-on pas une chance à des mesures votées par une assemblée nationale dont les représentants ont été élus par le peuple ?

 

Je veux bien que Chirac ait été élu par défaut. Mais vos députés ???
 


 Une jeunesse frileuse, une France frustrée

Par ailleurs, je m’interroge sur cette peur de l’insécurité qui, semble-t-il, caractérise la génération qui monte. Quand on sait que 80% des jeunes veulent devenir fonctionnaires, on flippe. Tout de même.

Ma cousine, qui est une future ex-journaliste, et qui est bien à gauche (dans les deux sens du terme) me reprochait ma position sur la flexibilité de l'emploi. Elle me disait : "c'est facile pour toi, avec les diplômes que tu as, et surtout avec ton caractère. L'adaptabilité, la flexibilité, c'est ton truc. Bien sûr, toi tu te vois bien changer de boulot tous les ans. Mais y'a pleins de gens qui n'en sont pas capables. Pleins de gens à qui ça fait peur. Pleins de gens qui ont besoin de sécurité. De faire confiance à leur employeur."
C'est un argument qui me touche. C'est vrai, pour moi c'est facile. Je n'ai pas d'enfants, je loue un appartement dont mes parents sont caution, j'ai beau mené une vie instable, changer de boulot souvent, être demandeur d'emploi entre deux, je sais que je ne dormirai jamais sous les ponts.


J'ai lu dans un canard l'interview d'un type. Moins de 26 ans. Il disait en gros que les "vieux" (les + de 26) étaient bien gentils de promouvoir le CPE. Mais il se demandait s'ils seraient d'accord eux, qu'on leur impose les mêmes conditions. Le risque d'être viré du jour au lendemain, sans motif énoncé. Je me le demande.


Sondage CSA du 29 mars, sur un échantillon représentatif de 907 personnes

 

Selon vous dans l’idéal, est-il souhaitable que l’Etat garantisse un travail pour tous, dans le public comme dans le privé ?

 

  • ð    Souhaitable : 87 %
  • ð    Pas souhaitable : 13 %

Selon vous, est-il possible que l’Etat garantisse un travail pour tous, dans le public comme dans le privé ?

 

  • ð    Possible : 48 %
  • ð    Pas possible : 52 %
 

 

 

La France vue de l'étranger

 

La presse internationale toute entière s’est gaussée de la mobilisation française.

Les français, vus par les médias américains, britanniques ou allemands, sont un peuple de rouspéteurs, têtus, naïvement accrochés à leurs acquis sociaux, frileux face au changement, inadaptés au monde moderne, inconscients des enjeux économiques, et qui court à sa propre perte en interdisant systématiquement toute réforme constructive, pourtant ô combien urgente.

 

Quelques citations : (sources : idéesdeFrance.fr, L'express, Courrier International)

 
« La France ne veut pas s’entendre dire qu’elle fait partie de la sphère de consommation, capitaliste et dirigée par l’économie américaine dans laquelle le monde s’engouffre. La France est différente. » C’est en ces termes, que Jason Burke, dans le Guardian, tente de définir la particularité française suite à la contestation anti-CPE (contrat première embauche).
« Pour comprendre la France moderne, le mot clef c’est : « précarité », mot intraduisible en anglais. » Ainsi Jason Burke poursuit en exprimant son incompréhension vis-à-vis du rejet d’un texte « qui offre, de loin, une meilleure sécurité d’emploi que les textes en Grande-Bretagne et même en Europe. »

En Allemagne, Kim Rahir, dans le Spiegel, stigmatise les Français : « tous les observateurs se demandent pourquoi ils descendent dans la rue dès qu’ils ne sont pas d’accord avec quelque chose.... Pas de sécurité, précarité, ceux sont les seules choses dont tout le monde parle là-bas ». Die Zeit fait remarquer que « le nombre des licenciements économiques a été divisé par deux depuis 1989, alors que les licenciements ‘pour raison individuelle’ ont doublé en même temps - vu que les contraintes légales sont moindres pour ce motif. Résultat : les salariés humiliés portent souvent plainte et les prud’hommes croulent sous le travail. »

De l'autre côté de l'Atlantique, le Wall Street Journal voit dans les manifestations "les derniers symptômes d'une démocratie malade". D'après le quotidien économique, "si la France veut renverser sa tendance (...) elle a besoin de mettre à bas les barrières de la législation du travail dans tous les secteurs, et pas seulement pour les moins de 26 ans."
Pour le New York Times, "le capitalisme est diabolisé au profit du souvenir d'un passé révolutionnaire romantisé".

Certains journaux font le rapprochement avec le non français au référendum: Jason Burke, du quotidien britannique The Observer , soupçonne la mobilisation d’être en fait une punition contre le gouvernement.
El Pais
, quotidien espagnol de centre gauche, estime que "comme pour la Constitution européenne, la France est victime de ses peurs ne veut pas aller de l'avant".

L'éditorialiste du quotidien espagnol El Mundo s'en prend aux "enfants gâtés de la gauche". Le journal s'étonne des méthodes de contestation adoptées par certains étudiants français à Rennes. "Avec une esthétique qui rappelle celle des conférences de presse d'ETA, la tête couverte d'une cagoule noire et de fausses armes à feu à la main, les jeunes ont insisté sur le fait qu'ils lutteront jusqu'au bout pour obtenir l'abrogation de la loi sur le contrat première embauche. Les syndicats et les étudiants ont d'ailleurs lancé un ultimatum pour le retrait de cette loi, fixé au 17 avril."

Du pont de vue de la politique française, "Le problème, écrit l'International Herald Tribune, c'est que la France manque d'hommes politiques capables de parler franchement, de solutions réelles et définitives". Pire, le même journal accuse Jacques Chirac d'avoir exacerbé le réflexe français de défense inconditionnelle des acquis sociaux, en cautionnant l'idée - de gauche - que tout risque individuel était inacceptable.

Quelques voix de gauche s'élèvent tout de même pour soutenir le mouvement. D'après le Financial Times Deutschland, le CPE "aggrave la discrimination à l'égard des jeunes". Le Guardian va plus loin et encourage les jeunes Français à ne pas suivre le "miracle économique" britannique. Et à réaliser "combien il y a à gagner en combattant dans les rues".

 

Les Français et le CPE

Sondage CSA du 29 mars, sur un échantillon représentatif de 907 personnes

 

  • ð    12 % des français sont pour le maintien du CPE tel qu’il est
  • ð    42 % sont pour sa suspension en attendant de trouver une solution
  • ð    41 % sont pour son retrait
  • ð    5 % ne se prononcent pas

 J'aimerais connaître le nombre de français qui vouaient un retrait ou une suspension pour faire cesser les manifestations.



 

 

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5 avril 2006 3 05 /04 /avril /2006 02:11


Dans un monde idéal, où les humains seraient rationnels, objectifs, dénués de conditionnement, libres, responsables et sûrs de leurs choix, dans un monde d’humains adultes, oui, l’on pourrait tout entendre.

Les hommes réagiraient à la critique avec circonspection, ils se remettraient en question, se documenteraient plus avant sur les sujets qui les interpellent, tiendraient compte des remarques qu’on leur fait, et se feraient une nouvelle opinion, confirmant ou infirmant la précédente.

Il n’y aurait pas de mouvements impulsifs, pas de réactions. Chacun jaugerait ce qu’il entend, voit et lit à l’aune de son intelligence et de sa raison.

Or le monde n’est pas idéal.  Et les hommes sont largement conditionnés, réagissants, et impulsifs. Ils sont influençables, manipulables, et irresponsables.

C’est une donnée que l’on doit prendre en compte.

Dans ce contexte réjouissant, quel est le rôle des faiseurs d’opinions, journalistes et autres médiateux ? Il me semble que c’est, justement, de nous mettre en face de nos contradictions, de nous informer, de nous questionner, de nous faire progresser.

 

De deux choses l’une : soit le Jyllands Posten avait pour seule intention de ridiculiser les musulmans, auquel cas il s’agit bien d’une incitation à la haine bête et méchante, dont le Danemark tout entier a dû payer le prix. En parfait accord avec la loi classique : « la haine engendre la haine ».

Je ne penche pas pour cette hypothèse.

Certaines caricatures faisaient preuve de finesse, et d’intelligence, et l’on peut présumer du fait que toute ridiculisation visait, justement, à mettre les musulmans en face de leurs contradictions. Un message du l’ordre de : « Cela vous choque ? Comment se fait-il que vous ne soyez pas choqués par le détournement scandaleux de l’islam et du Coran par les terroristes islamistes ? Comment pouvez-vous accepter que votre religion justifie aux yeux de vos coreligionnaires les pires barbaries ? ». C’est ainsi que les occidentaux l’ont interprété, et c’est pourquoi ils ont été affligés et apeurés par les réactions de la communauté musulmane en question.

Peut-être que les journalistes du Jyllands Posten s’étaient ainsi donnés pour mission de mettre le doigt sur ces contradictions, ou bien encore, comme ils l’ont affirmé, peut-être voulaient-ils tester le degré de tolérance de la communauté musulmane.

[Traduction : "Arrêtez, arrêtez, nous sommes à court de vierge !"]

L’autre façon de questionner les motivations du journal consisterait à se poser les questions suivantes : A qui ces caricatures étaient-elles adressées ? Aux occidentaux ? S’agissait-il de les dérider sur un sujet qui aurait plutôt tendance, habituellement, à les raidir quelque peu ? Car je ne crois pas que l’on puisse parler d’incitation à la haine, quand l’occident dans son ensemble, sciemment ou dans son for intérieur, assimile déjà les musulmans à des terroristes.

Aux musulmans modérés ? S’agissait-il de les exhorter à se mobiliser, en masse, contre l’amalgame Islam / terrorisme ? Qu’espérait-on ?

Dans les deux cas, c’est bien maladroit.

Aux intégristes ? Ce serait grave.

Ou bien s’agissait-il d’une revendication de la liberté de l’art médiatique surfant sur la vague de la provocation dans un parfait sentiment d’impunité ? Mais alors quelle utilité ?

 

Car quel prix est-on prêt à payer pour sa propre liberté d’expression ? Peut-on mettre le feu aux poudres du monde arabe, risquer sa vie et celles d’autres journalistes, une déstabilisation économique de son pays, la sécurité de ses représentants à l’étranger, la mort de manifestants du camp adverse, même, au nom de la liberté d’expression ? Si les caricaturistes ont estimé que oui, que la fin justifiait les moyens, et que l’essence de leur message légitimait les évènements qui en ont découlé, alors ils ont eu raison.

S’ils n’ont pas mesuré la portée de leurs caricatures, dans le contexte actuel, tendu, alors ils ont fait preuve de légèreté, de naïveté, de vanité, d’incompétence, d’irresponsabilité, ou de tout ça à la fois.

[Traduction du tableau : Les journalistes du Jyllands-Posten ne sont que des réactionnaires provocateurs”.]

Peut-être, certes, les caricaturistes n’avaient ils pas prévu que leurs innocents dessins auraient autant d’impact. C’est avoir mal mesuré l’engagement et l’influence de certains de leurs compatriotes musulmans.

Il s’avère  qu’une équipe de journalistes d’Envoyé Spécial est parvenu à infiltrer la mouvance islamiste radicale danoise. Pour la petite histoire, l’imam Ahmed Akkari qui est à la tête de la grande mosquée d’Aarhus, ville du siège du Jyllands Posten, n’était pas un inconnu. L’homme, un danois d’origine libanaise, avait même une dent sévère contre le journal. Et ce dernier connaissait d’ailleurs ses positions radicales et son influence sur la communauté musulmane du Danemark.

Ahmed Akkari, suite à la parution des caricatures, a monté un dossier les incluant, ainsi que quelques destins racistes reçus, soi-disant, par e-mail. L’un d’entre eux montrait notamment un homme affublé d’une tête de porc et était légendé à peu près comme suit : « tous les musulmans sont des porcs ».

En décembre 2005, il s’est rendu en Egypte et dans d’autres pays du monde arabe, accompagné d’une délégation d'imams et son dossier sous le bras, pour attirer l'attention des dignitaires religieux et des responsables politiques sur le scandale des dessins satiriques du prophète et sur le climat islamophobe prédominant, selon lui, dans le royaume scandinave.

Les imams locaux ont alors diffusé une consigne de mobilisation auprès de leurs fidèles – dont la majorité n’a jamais eu accès aux fameuses caricatures – avec les conséquences que l’on connaît.

 

Très bonne opération pour Ahmed Akkari, qui a renforcé à la fois sa main-mise sur l’église musulmane du Danemark (il y est le représentant de 27 organisations musulmanes), son pouvoir politique (le premier ministre danois a présenté des excuses publiques aux musulmans de son pays), et son prestige international. Les caricatures, il s’en frotte les mains. Merci le Jyllands Posten.

Autre dommage collatéral : la fameuse Fatwa sur Salman Rushdie – qui commençait à peine à pouvoir à nouveau circuler librement – a été relancée de plus belle. C’est ballot, non ?

 

La liberté d’expression certes. Mais quand au final on sert les intérêts de ceux que l’on dénonce, il apparaît qu’un peu de discernement aurait été le bienvenu.

On peut évidemment poser la question des moyens de l’endiguement de l’intégrisme islamiste. Mais c’est un autre débat.


« On peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui ». Certes. J’ajouterais volontiers, au vu des circonstances : « Rira bien qui rira le dernier ». Enfin, si l’on veut pouvoir rire de tout avec tout le monde, il faut travailler son sens de l’humour… et donner au reste de l'humanité l’envie de rire. Car l’envie de rire, de nos jours, n’est pas la chose la plus unanimement partagée. Il y a donc du boulot. Mais c’est un autre débat.

 

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1 avril 2006 6 01 /04 /avril /2006 15:37
Je viens de regarder cette video d'une interview de Walfa Sultan, psychologue américano-arabe, diffusée sur Al Jazeera le 21 février 2006.
Walfa Sultan se revendique laïque et exhorte avec véhémence et courage les musulmans radicaux à revoir leur manière de penser.

Je m'étais posée cette question au moment des manifestations contre les caricatures de Mahomet : comment des gens qui s'insurgent de voir leur prophète coiffé ironiquement d'une bombe par un caricaturiste peuvent-ils accepter que l'on tue au nom de leur religion ? Pourquoi les musulmans ne descendent-ils pas dans la rue pour manifester contre ce détournement scandaleux qu'est la justification religieuse de crimes barbares ?
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