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11 avril 2006 2 11 /04 /avril /2006 12:38


 

Suis-je pour ou contre le CPE ?

C'est fou ces sujets sur lesquels on est obligé de se positionner, sous peine de passer pour un con irresponsable.

J’avais tenté d’écrire un article sur le CPE. Parce que je n’avais pas d’opinion, et qu’il me semblait indispensable de m’en faire une. J’avais décidé d’en débattre, lamentablement, les modalités, alors que je ne les connaissais pas. Le CPE, pour moi comme pour la majorité des manifestants, se résumait à deux mots : précarité (à cause de la longueur de la période d’essai) et arbitraire (à cause de la non-motivation des licenciements).

Et puis j’avais lu sur le blog de Maître Eolas une analyse fort éclairante (et quasi-exhaustive, il me semble) de la loi qui l’avait instauré.

 Ce Monsieur démontait quelques-unes de mes angoisses empathiques (je dis « empathiques », parce qu’après tout, j’ai plus de 26 ans). Il n’était pas question d’abus de pouvoir, les salariés injustement licenciés pourraient compter sur les Prud’hommes, et ils auraient droit à des avantages non-négligeables :

  • ð      L’accès au bout d’un mois (contre un an habituellement) à une formation individuelle.
  • ð      Les titulaires du CPE peuvent bénéficier du LOCAPASS, qui permet à l’Etat de se porter garant sur un contrat de bail.
  • ð      La Fédération Française  Bancaire a soutenu que le CPE donnerait accès aux mêmes crédits qu’un CDI.
  • ð      Le droit à une allocation des ASSEDIC après 4 mois de cotisation, en cas de rupture du contrat, d’un montant de 490 euros par mois. S’il a cotisé 6 mois, le salarié rejoint le régime général, et touche une allocation indexée sur son salaire.

J’étais sortie de cette lecture quelque peu rassérénée, et avec une opinion contraire : j’étais devenue « pour ».

Chirac avait alors annoncé, le 31 mars 2006, qu’il rapporterait la période d’essai à un an, et qu’il rendrait obligatoire la motivation du licenciement. Les manifestants avaient cependant décidé de poursuivre leur mouvement.

Quelques questions annexes me taraudaient :

  • ð    Si le CPE n’était pas une chose si terrible en soi, quel en était son intérêt par rapport au vieux système CDD / CDI ? Par rapport à une période d’essai qui pouvait déjà se monter à 6 mois, reconduction des trois mois habituels oblige ?
  • ð    Le peu de bouleversements induit au regard du parcours, déjà précaire, et déjà chaotique du jeune demandeur d’emploi lambda (de stages interminables à un lointain CDI, en passant par des intérims, CDD, et périodes de non-emploi, idéalement indemnisées par un RMI ou par une allocation chômage durement méritée) ne me semblait pas justifier une telle mobilisation.
  • ð    La continuation du mouvement, malgré une volte-face significative de Chirac qui dénaturait le principe même du CPE dans une tentative de sauver l’honneur gouvernemental, ne me paraissait pas légitime.

Il fallait bien, tout le monde s’accordait à le dire, que le mouvement exprime autre chose, de plus fondamental, de plus profond.

Le 10 avril, Chirac annonce le retrait du CPE.

Les syndicats maintiennent leur préavis de grève pour le 11 avril.

Villepin fait une intervention au JT, invité par PPDA.

Il admet avoir ressenti le mouvement comme une « épreuve », et avoir mal anticipé les réactions des étudiants et lycéens. Il met le doigt sur un sentiment d’insécurité et une angoisse de la précarité largement répandus parmi les français.

Il dit qu’il faudra en tenir compte, désormais. Que s’il faut cependant trouver des solutions en faveur de l’emploi des jeunes, elles devront combiner flexibilité pour l’employeur et sécurité pour l’employé. Alors l’Etat va mettre la main à la poche pour rémunérer les entreprises qui embauchent des jeunes. Ce n’est pas forcément donner plus de flexibilité, mais c’est encourager l’investissement sur jeunes.

A suivre...


  


Le point de vue d'employeurs


Un de mes amis est patron d’une PME qu’il a fondée il y a deux ans. Le patron en France de la filiale d’un groupe étranger lui a conseillé de n’embaucher personne en CDI. Car si un seul de ses employés se retournait contre lui aux Prud’hommes, il devrait fermer son entreprise. Il ne dispose pas, en effet, après seulement deux ans d'activité, de la trésorerie nécessaire à une indemnisation. Alors il ne prend que des intérimaires. C’est compliqué pour lui, ça l’oblige à recruter en permanence. Il préfèrerait pouvoir compter sur des salariés.

 


Le point de vue d'un retraité


A lire, ici, l'article d'un boulanger retraité, qui n'a jamais connu le CPE...

 

 

Nos gouvernants sont-ils des cons machiavéliques ?


Special dedicace to Alice E. : Pourquoi les français ont-ils l’impression que leurs gouvernants prennent systématiquement des décisions qui vont à l’encontre de leurs intérêts ? L’intérêt d’un Premier Ministre n’est-il pas d’améliorer les choses, pour que le peuple en porte le crédit à son parti ? Et puis n’est-il pas conseillé par des experts qui en savent un peu plus long sur la question de l’emploi qu’un employé lambda ?

Pourquoi, enfin, ne donne-t-on pas une chance à des mesures votées par une assemblée nationale dont les représentants ont été élus par le peuple ?

 

Je veux bien que Chirac ait été élu par défaut. Mais vos députés ???
 


 Une jeunesse frileuse, une France frustrée

Par ailleurs, je m’interroge sur cette peur de l’insécurité qui, semble-t-il, caractérise la génération qui monte. Quand on sait que 80% des jeunes veulent devenir fonctionnaires, on flippe. Tout de même.

Ma cousine, qui est une future ex-journaliste, et qui est bien à gauche (dans les deux sens du terme) me reprochait ma position sur la flexibilité de l'emploi. Elle me disait : "c'est facile pour toi, avec les diplômes que tu as, et surtout avec ton caractère. L'adaptabilité, la flexibilité, c'est ton truc. Bien sûr, toi tu te vois bien changer de boulot tous les ans. Mais y'a pleins de gens qui n'en sont pas capables. Pleins de gens à qui ça fait peur. Pleins de gens qui ont besoin de sécurité. De faire confiance à leur employeur."
C'est un argument qui me touche. C'est vrai, pour moi c'est facile. Je n'ai pas d'enfants, je loue un appartement dont mes parents sont caution, j'ai beau mené une vie instable, changer de boulot souvent, être demandeur d'emploi entre deux, je sais que je ne dormirai jamais sous les ponts.


J'ai lu dans un canard l'interview d'un type. Moins de 26 ans. Il disait en gros que les "vieux" (les + de 26) étaient bien gentils de promouvoir le CPE. Mais il se demandait s'ils seraient d'accord eux, qu'on leur impose les mêmes conditions. Le risque d'être viré du jour au lendemain, sans motif énoncé. Je me le demande.


Sondage CSA du 29 mars, sur un échantillon représentatif de 907 personnes

 

Selon vous dans l’idéal, est-il souhaitable que l’Etat garantisse un travail pour tous, dans le public comme dans le privé ?

 

  • ð    Souhaitable : 87 %
  • ð    Pas souhaitable : 13 %

Selon vous, est-il possible que l’Etat garantisse un travail pour tous, dans le public comme dans le privé ?

 

  • ð    Possible : 48 %
  • ð    Pas possible : 52 %
 

 

 

La France vue de l'étranger

 

La presse internationale toute entière s’est gaussée de la mobilisation française.

Les français, vus par les médias américains, britanniques ou allemands, sont un peuple de rouspéteurs, têtus, naïvement accrochés à leurs acquis sociaux, frileux face au changement, inadaptés au monde moderne, inconscients des enjeux économiques, et qui court à sa propre perte en interdisant systématiquement toute réforme constructive, pourtant ô combien urgente.

 

Quelques citations : (sources : idéesdeFrance.fr, L'express, Courrier International)

 
« La France ne veut pas s’entendre dire qu’elle fait partie de la sphère de consommation, capitaliste et dirigée par l’économie américaine dans laquelle le monde s’engouffre. La France est différente. » C’est en ces termes, que Jason Burke, dans le Guardian, tente de définir la particularité française suite à la contestation anti-CPE (contrat première embauche).
« Pour comprendre la France moderne, le mot clef c’est : « précarité », mot intraduisible en anglais. » Ainsi Jason Burke poursuit en exprimant son incompréhension vis-à-vis du rejet d’un texte « qui offre, de loin, une meilleure sécurité d’emploi que les textes en Grande-Bretagne et même en Europe. »

En Allemagne, Kim Rahir, dans le Spiegel, stigmatise les Français : « tous les observateurs se demandent pourquoi ils descendent dans la rue dès qu’ils ne sont pas d’accord avec quelque chose.... Pas de sécurité, précarité, ceux sont les seules choses dont tout le monde parle là-bas ». Die Zeit fait remarquer que « le nombre des licenciements économiques a été divisé par deux depuis 1989, alors que les licenciements ‘pour raison individuelle’ ont doublé en même temps - vu que les contraintes légales sont moindres pour ce motif. Résultat : les salariés humiliés portent souvent plainte et les prud’hommes croulent sous le travail. »

De l'autre côté de l'Atlantique, le Wall Street Journal voit dans les manifestations "les derniers symptômes d'une démocratie malade". D'après le quotidien économique, "si la France veut renverser sa tendance (...) elle a besoin de mettre à bas les barrières de la législation du travail dans tous les secteurs, et pas seulement pour les moins de 26 ans."
Pour le New York Times, "le capitalisme est diabolisé au profit du souvenir d'un passé révolutionnaire romantisé".

Certains journaux font le rapprochement avec le non français au référendum: Jason Burke, du quotidien britannique The Observer , soupçonne la mobilisation d’être en fait une punition contre le gouvernement.
El Pais
, quotidien espagnol de centre gauche, estime que "comme pour la Constitution européenne, la France est victime de ses peurs ne veut pas aller de l'avant".

L'éditorialiste du quotidien espagnol El Mundo s'en prend aux "enfants gâtés de la gauche". Le journal s'étonne des méthodes de contestation adoptées par certains étudiants français à Rennes. "Avec une esthétique qui rappelle celle des conférences de presse d'ETA, la tête couverte d'une cagoule noire et de fausses armes à feu à la main, les jeunes ont insisté sur le fait qu'ils lutteront jusqu'au bout pour obtenir l'abrogation de la loi sur le contrat première embauche. Les syndicats et les étudiants ont d'ailleurs lancé un ultimatum pour le retrait de cette loi, fixé au 17 avril."

Du pont de vue de la politique française, "Le problème, écrit l'International Herald Tribune, c'est que la France manque d'hommes politiques capables de parler franchement, de solutions réelles et définitives". Pire, le même journal accuse Jacques Chirac d'avoir exacerbé le réflexe français de défense inconditionnelle des acquis sociaux, en cautionnant l'idée - de gauche - que tout risque individuel était inacceptable.

Quelques voix de gauche s'élèvent tout de même pour soutenir le mouvement. D'après le Financial Times Deutschland, le CPE "aggrave la discrimination à l'égard des jeunes". Le Guardian va plus loin et encourage les jeunes Français à ne pas suivre le "miracle économique" britannique. Et à réaliser "combien il y a à gagner en combattant dans les rues".

 

Les Français et le CPE

Sondage CSA du 29 mars, sur un échantillon représentatif de 907 personnes

 

  • ð    12 % des français sont pour le maintien du CPE tel qu’il est
  • ð    42 % sont pour sa suspension en attendant de trouver une solution
  • ð    41 % sont pour son retrait
  • ð    5 % ne se prononcent pas

 J'aimerais connaître le nombre de français qui vouaient un retrait ou une suspension pour faire cesser les manifestations.



 

 

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commentaires

O
Je découvre ton blog qui me semble tres bien. Félicitations. Avec cet article tu applique à la lettre "notre" devise : juventuti veritas  ;-)
Répondre
R
Très bon article qui restitue bien la complexité du débat et répond à nombre de mes intérogations, il faut continuer!
Répondre
O
Test couleur ...